vendredi 29 octobre 2010

Le Figaro - Politique : L'UMP confrontée au débat de l'alliance avec le FN

Si la direction du parti majoritaire refuse d'envisager tout accord électoral avec l'extrême-droite, un sondage Ifop montre qu'un tiers de ses sympathisants y sont favorables. Le chiffre atteint 68% chez les militants frontistes.

Douze ans après les accords électoraux entre certains élus l'UDF-RPR et le Front national aux élections régionales, la question de l'alliance entre la droite avec le parti de Jean-Marie le Pen semblait réglée : officiellement, la théorie du «cordon sanitaire», mise en place par Jacques Chirac, demeure la seule approche valable à l'UMP. Mais depuis le début du mois, la question a de nouveau fait irruption dans le débat public. La faute à Christian Vanneste, député UMP du Nord, qui a fait entendre sa petite musique : favorable à des accords électoraux avec le FN, il milite pour l'émergence «à moyen ou long terme» d'une «droite large» allant du centre à l'extrême droite. «Tant qu'on aura un ennemi à droite, on perdra les élections !», expliquait-il la semaine dernière au Figaro.fr.

L'élu de Tourcoing n'est pas le seul à appeler de ses vœux un tel rapprochement. Selon un sondage Ifop pour le Nouvel Observateur, 32% des sympathisants de l'UMP se disent favorables à des accords électoraux entre l'UMP et le FN aux élections locales (municipales, cantonales, régionales). La proportion est même plus importante (37%) dans les régions à fort vote frontiste - comme le Nord-Pas-de-Calais de Christian Vanneste. Du côté des partisans frontistes, ils sont 68% à envisager une alliance.

Menace d'exclusion

Si elle est balayée d'un revers de la main à la fois par l'UMP et le FN, l'hypothèse d'un rapprochement bénéficie donc de relais au sein de l'opinion. Mardi, Christian Vanneste assurait même que sa proposition avait été bien accueillie. «Y'avait vraiment pas de quoi fouetter un chat. Je n'ai reçu que des marques de sympathie, des félicitations, des soutiens pendant tout le week-end dans ma circonscription», expliquait-il sur LCI. Avant d'ajouter : «Moi je revendique le droit de tout dire au sein de l'UMP. Parce que ça suscite le débat».

Un débat que l'UMP ne semble pas prête à ouvrir. Rue de la Boétie, des voix s'élèvent pour réclamer l'exclusion du député du Nord. A l'instar de Rama Yade, qui dénonce un «positionnement inacceptable» et assure que «l'UMP ne peut tolérer de compter dans ses rangs un homme qui ne partage pas ses valeurs. Elle doit donc engager sans tarder à son encontre une procédure d'exclusion qui permettra à M. Vanneste de rejoindre ses amis d'extrême droite». Le bureau politique du parti majoritaire en novembre puis le conseil national en décembre se pencheront sur le sort de l'encombrant député.

Une menace que Christian Vanneste ne semble pas prendre au sérieux. Le député, qui se dit «confiant», s'en est ouvertement pris à Rama Yade. «Manifestement elle n'a pas du tout lu mes déclarations», expliquait-il mardi. Dans un entretien à un site internet proche de l'extrême-droite, le député renoue avec la provocation : «Les interventions vibrionnantes et sans fond de Rama Yade sont celles d'une femme qui n'a aucune connaissance, aucune culture et qui vient d'arriver. C'est agaçant».

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