vendredi 29 octobre 2010

Dépistage généralisé du sida: «Nos centres tournent déjà à fond»

Dans le nouveau plan sida, l'une des 160 propositions aborde un dépistage généralisé pour tous, de 15 à 70 ans. Proposé par le médecin traitant, ce test serait entièrement remboursé par l'assurance-maladie. Enquête à Saint-Etienne.



Une campagne d'information, lancée par le ministère de la Santé, pourrait fleurir sur les murs et les ondes prochainement. Il s'agit de sensibiliser le grand public à un dépistage de masse du sida chez les personnes âgées de 15 à 70 ans.
Du côté du ministère on nous dit : « Il s'agit de systématiser ce dépistage, au même titre que le cholestérol ou la prise de tension ». Ce test serait proposé par le médecin traitant à l'occasion d'une consultation normale pour éviter un surcoût à l'assurance-maladie. Le médecin devrait prescrire une prise de sang qui peut être réalisée dans un laboratoire de biologie de ville. Et cet acte serait remboursé à 100 % par la caisse primaire.
Michel Colls est le responsable des actions thérapeutiques à l'association Actis à Saint-Etienne. Pour lui, on se « focalise un peu trop sur une seule mesure de ce plan qui en compte cent soixante ».
Il confie que « tous les plans précédents étaient en retard sur l'évolution de l'épidémie. Ils étaient déjà périmés au moment de leur publication ».
Il ajoute : « Pour nous, les associations, ce plan est en phase avec la situation que nous connaissons ». Toutefois, il ajoute le bémol d'usage : « Le financement n'est pas prévu et il faut encore affiner le texte ».
En fait, ce document n'est pas encore publié. Si l'on en parle, c'est que Roselyne Bachelot s'est déjà exprimée devant la presse sur le sujet en appuyant sur cette mesure phare du dépistage systématique.
Une copie non définitive est partie à destination de certains partenaires, comme Actis. C'est ainsi que Michel Colls a pu en prendre connaissance.
Il dit apprécier qu'il y ait « à nouveau un pilote dans l'avion » avec la création d'un comité de pilotage national contre le VIH.
Il est satisfait qu'on « prenne en compte les découvertes scientifiques des cinq dernières années ». Par exemple, on sait que le traitement lui-même est un outil de prévention « car il fait baisser la charge virale ».
Pour Michel Colls, aucun doute : « Si l'ensemble des recommandations était appliqué, ce serait une révolution ».
Sur le dépistage de masse, il n'est pas contre : « En dépistant quelques millions de personnes, on peut découvrir entre 30 000 et 50 000 personnes ignorant leur séropositivité. Plus on dépiste, plus on a de chance d'être pris en charge ». Selon lui, les centres de dépistage de la Loire et ailleurs « tournent déjà à fond ». Le problème n'est pas là. « Il s'agit d'un autre public ». « Quelqu'un peut avoir pris un risque et n'en avoir pas conscience, en toute bonne foi ». Michel Colls estime que « le système ne pourra fonctionner que si le médecin de famille s'implique. C'est lui, le pilier du système ». Son souhait désormais est que ce nouveau plan, le dixième dans l'histoire du sida en France, trouve un financement à la hauteur de ses ambitions.
« Il serait très intéressant que ce travail ne demeure pas qu'une idée ».

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